-
jacques brel
Puisque demain l'on se marie
Apprenons la même chanson
Puisque demain s'ouvre la vie
Dis-moi ce que nous chanterons
Nous forcerons l'amour
A bercer notre vie
D'une chanson jolie
Qu'à deux nous chanterons
Nous forcerons l'amour
Si tu le veux, ma mie
A n'être de nos vies
Que l'humble forgeron
Puisque demain l'on se marie
Apprenons la même chanson
Puisque demain s'ouvre la vie
Dis-moi ce que nous y verrons
Nous forcerons nos yeux
A ne jamais rien voir
Que la chose jolie
Qui vit en chaque chose
Nous forcerons nos yeux
A n'être qu'un espoir
A deux nous offrirons
Comme on offre une rose
Puisque demain l'on se marie
Apprenons la même chanson
Puisque demain s'ouvre la vie
Dis-moi encore où nous irons
Nous forcerons les portes
Des pays d'orient
A s'ouvrir devant nous
Devant notre sourire
Nous forcerons, ma mie
Le sourire des gens
A n'être plus jamais
Une joie qui soupire
Puisque demain s'ouvre la vie
Ouvrons la porte à ces chansons
Puisque demain l'on se marie
Apprenons la même chansonJ'ai retrouvé Titine
Titine oh ma Titine
J'ai retrouvé Titine
Que je ne trouvais pas
Je l'ai retrouvée par hasard
Qui vendait du buvard
Derrière une vitrine
De la gare Saint-Lazare
Je lui ai dit Titine
Titine oh ma Titine
Je lui ai dit Titine
Pourquoi m'avoir quitté
Tu es partie comme ça
Sans un geste sans un mot
Voir un film de Charlot
Au ciné de l'Olympia
Et il y a trente ans déjà
Que nous te cherchions partout
Mon Hispano et moi
En criant comme des fous
Je cherche après Titine
Titine oh ma Titine
Je cherche après Titine
Mais j'ai retrouvé Titine
Titine oh ma Titine
J'ai retrouvé Titine
Que je ne trouvais pas
Je l'avais cherchée partout
Au Chili au Tonkin
Je l'avais cherchée en vain
Au Gabon au Pérou
Je lui ai dit Titine
Titine oh ma Titine
Je lui ai dit Titine
Je t'en supplie reviens
Tu as changé je le sais bien
Tu es un peu moins tentante
Puis tu marches comme Chaplin
Et tu es devenue parlante
Mais enfin c'est mieux que rien
Quand on vit depuis trente ans
Tout seul avec un chien
Et avec douze enfants
Qui cherchent après Titine
Titine oh ma Titine
Qui cherchent après Titine
Mais j'ai retrouvé Titine
Titine oh ma Titine
J'ai retrouvé Titine
Que je ne trouvais pas
Je voudrais que vous la voyiez
Titine elle est en or
Bien plus que Valentine
Bien plus qu'Éléonore
Mais hier quand je lui ai dit
Titine oh ma Titine
Quand je lui ai dit Titine
Est-ce que tu m'aimes encore
Elle est repartie comme ça
Sans un geste sans un mot
Voir un film de Charlot
Au ciné de l'Olympia
Alors voilà pourquoi
Nous la cherchons partout
Mon Hispano et moi
En criant comme des fous
Je cherche après Titine
Titine oh ma Titine
Je cherche après Titine
Mais je retrouverai Titine
Titine oh ma Titine
Je retrouverai Titine
Et tout ça s'arrangeraQuand on n'a que l'amour
A s'offrir en partage
Au jour du grand voyage
Qu'est notre grand amour
Quand on n'a que l'amour
Mon amour toi et moi
Pour qu'éclatent de joie
Chaque heure et chaque jour
Quand on n'a que l'amour
Pour vivre nos promesses
Sans nulle autre richesse
Que d'y croire toujours
Quand on n'a que l'amour
Pour meubler de merveilles
Et couvrir de soleil
La laideur des faubourgs
Quand on n'a que l'amour
Pour unique raison
Pour unique chanson
Et unique secours
Quand on n'a que l'amour
Pour habiller matin
Pauvres et malandrins
De manteaux de velours
Quand on n'a que l'amour
A offrir en prière
Pour les maux de la terre
En simple troubadour
Quand on n'a que l'amour
A offrir à ceux-là
Dont l'unique combat
Est de chercher le jour
Quand on n'a que l'amour
Pour tracer un chemin
Et forcer le destin
A chaque carrefour
Quand on n'a que l'amour
Pour parler aux canons
Et rien qu'une chanson
Pour convaincre un tambour
Alors sans avoir rien
Que la force d'aimer
Nous aurons dans nos mains,
Amis le monde entierDans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui chantent
Les rêves qui les hantent
Au large d'Amsterdam
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui dorment
Comme des oriflammes
Le long des berges mornes
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui meurent
Pleins de bière et de drames
Aux premières lueurs
Mais dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui naissent
Dans la chaleur épaisse
Des langueurs océanes
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui mangent
Sur des nappes trop blanches
Des poissons ruisselants
Ils vous montrent des dents
A croquer la fortune
A décroisser la lune
A bouffer des haubans
Et ça sent la morue
Jusque dans le cœur des frites
Que leurs grosses mains invitent
A revenir en plus
Puis se lèvent en riant
Dans un bruit de tempête
Referment leur braguette
Et sortent en rotant
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui dansent
En se frottant la panse
Sur la panse des femmes
Et ils tournent et ils dansent
Comme des soleils crachés
Dans le son déchiré
D'un accordéon rance
Ils se tordent le cou
Pour mieux s'entendre rire
Jusqu'à ce que tout à coup
L'accordéon expire
Alors le geste grave
Alors le regard fier
Ils ramènent leur batave
Jusqu'en pleine lumière
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui boivent
Et qui boivent et reboivent
Et qui reboivent encore
Ils boivent à la santé
Des putains d'Amsterdam
De Hambourg ou d'ailleurs
Enfin ils boivent aux dames
Qui leur donnent leur joli corps
Qui leur donnent leur vertu
Pour une pièce en or
Et quand ils ont bien bu
Se plantent le nez au ciel
Se mouchent dans les étoiles
Et ils pissent comme je pleure
Sur les femmes infidèles
Dans le port d'Amsterdam
Dans le port d'Amsterdam
-
Commentaires